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avril 2012, il est 20h les résultats tombent. Hollande-Sarkozy au
deuxième tour sans trop de surprise. Puis arrive la troisième
place, Marine Le Pen : 20%. Plus gros score réalisé par le
parti d’extrême droite aux élections présidentielles. Essayons
de prendre de la hauteur et sortir de l’analyse idiote du « 20%
de cons », qui fait peu avancer le débat.
Le
Front National n’est pas une nouveauté dans le paysage politique
français, cela fait plus de 20 ans que le FN réalise des scores
d’environ 15% aux présidentielles (à part en 2007). Néanmoins,
la quasi-totalité de la classe politique française agit comme si ce
parti n’existait pas. Au lieu de le combattre sur son idéologie,
les « grand partis » républicains se sont contentés
d’attaquer le passé du père Le Pen. Un cadeau pour Marine, elle a
su en tirer parti. Pire encore, certains ont voulu la faire taire en
l’interdisant de débattre. Au nom de la démocratie, MLP s’est
victimisée (comme elle sait le faire) retournant la situation en sa
faveur.
Autre
point important, le contexte de crise. Ce n’est pas une surprise,
lorsqu’il y a des difficultés économiques (hausse du chômage,
problème de pouvoir d’achat…) les extrêmes ont la cote. Et en
période de crise, on cherche aussi des boucs émissaires. C’est
alors qu’une partie de la droite s’est intéressée à
l’électorat frontiste qui commençait à grossir (après tout,
tous les moyens sont bons pour briguer un deuxième mandat de
Président). La droite populaire en première ligne pour ramener de
l’extrémiste égaré dans les rangs de la majorité. Un homme en
particulier : Claude Guéant. Son CV est impressionnant depuis
sa nomination au ministère de l’intérieur en février 2011 :
démantèlements violents des camps de roms, reconnaissance de
civilisations supérieures à d’autres, amalgames diverses et
variées et surtout la circulaire Guéant du 31 mai et le décret du
6 septembre visant à décourager les étudiants internationaux de
faire leurs études en France. Mesures contre lesquelles la
Confédération étudiante s’est battue en organisant des
rassemblements dans de nombreuses villes en France. En effet,
l’application de ces mesures discriminantes tuerait nos universités
lorsque l’on sait que par exemple 40% de nos doctorants viennent de
pays étrangers à la France. De plus cette politique a un impact
néfaste sur le rayonnement à l’international de nos universités,
remettant en cause les conventions de partenariats avec les
universités du monde entier. Tout cela avec le soutient de l’UNI
(droite universitaire représentée par le MET sur les campus).
Marine
Le Pen n’a pas réalisé 20% à elle seule. On remarque bien
qu’aujourd’hui d’autres facteurs sont à prendre en compte. La
droite populaire a sa responsabilité dans ce score, la majorité des
partis politiques sont aussi complices lorsqu’ils ont refusé de
débattre et de mettre le Front National face à ses réalités. Ce
type de comportement irresponsable n’a fait que renforcer les
craintes et les stigmatisations. Mais cessons de tout dramatiser, la
France n’est pas morte. C’est à nous désormais de combattre
« le repli sur soi, l’ignorance, la peur de l’autre qui
s’installe et l’utilisation des malaises par les extrêmes ».
(manifeste de la Cé, 2005)
Nicolas Thelliez, élu CA, membre du
bureau national et responsable de la Cé de La Rochelle